samedi 19 avril 2008

Elle...

Il a fallu, en commençant le grand ménage de printemps, que je tombes sur cette petite languette de papier.
C'est une sorte de relique, l'une des choses les plus précieuses que je possédes.
Dessus, on peut voir écrit au feutre fin en petites lettres:
" Quand l'amour se fait la malle, c'est souvent le mâle qui s'fait la belle "
Extrait d'une chanson de Weepers Circus
Elle l'avait noté là, sur mon bureau, un de ces soirs où on se retrouvait toutes les deux. Cette fois ci, elle avait apporté avec elle une trés belle édition de l'oeuvre intégrale de Shakespeare. On avait lu, un peu...
Il faut que vous lisiez Les Champs Magnétiques, de Soupault et Breton.

Métisse cambodgienne, rayonnante.
Une allure terrible, sa silhouette fine fragile dans ses pantalons immenses, ses chaussures lourdes, son manteau long...
Elle avait un visage d'un ovale parfait, le teint halé, le regard tantôt sombre tantôt furieux, pétillant, les yeux en amande. Peau de satin.

Elle m'a souvent dit que je vivais l'amour à distance, que ça m'était sans doute plus confortable. On projette aisement de cette manière.

Elle écrivait, de la poèsie surtout, de ce que j'en ai lu j'en garde le grincement du métal, le fracas de la ville, le bouillonement de la vie presqu'écoeurante par tant de mouvements.
Elle écrivait, et peignait aussi, du collage également. A la fin, l'encre coulante ne suffisant peut être pu, c'était le bois qu'elle taillait.
Jusqu'à ce qu'il brûle, le feu emportant son corps.

Elle voulait me prendre en photo. Je voulais peindre au henné sur sa peau. On avait fini à force de dérive par dire qu'aller au cimetière du Père Lachaise et prendre en photo les épitaphes pourrait donner matière à.
Elle devait apprendre l'italien, moi l'hindi.

On parlait tatouage, henné, calligramme, calligraphie ce jour là, autour d'un café.
Elle a découvert en riant son épaule droite, mettant à nu son omoplate:
Amour, le mot Amour, une belle calligraphie, jusqu'à la trace du pinceau encrée.
Bourrée un soir m'a t'elle dit...

Bourrée, elle m'a appris à danser le tango, quelques pas.

J'ai le sentiment d'avoir tout perdu.



J'ai longtemps parlé d'elle au présent, ça m'arrive encore maintenant.
Quand j'écris surtout, elle est là. Où il y a mot, elle y est.
On peut trouver ça ridicule, mal venu d'en parler tout haut, on peut y voir un manque de pudeur, et bien, je vais vous dire:
Je l'aimais, pour tout ce qu'elle était, pour tout ce que je savais d'elle.
Aujourd'hui, elle, entre djiin et apsara, j'ai envie d'y croire.

Je l'ai dit un jour, à quelqu'un qui a rallumé une flamme en moi, malgré lui
" Le jour où l'Amour est parti en cendre, j'ai perdu la Raison "

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