vendredi 21 septembre 2007

2eme sphère imparfaite -> la secousse

Laycha se laissait porter depuis des heures par le temps qui passe
Elle répetait inlassablement les motifs qu'elle peint d'ordinaire
sur les mains des fiancées, des futures mariées, des danseuses,
les mains des femmes qu'elle sublime au henné
Ca faisait des vrilles dans l'air en se propageant du bout des doigts
jusqu'aux orteils, des orteils jusqu'au sol, du sol au plafond
Des milliers de petits points, de fleurs, de pétales, d'étoiles
Des volutes et des courbes
Des lignes qui se transformaient en serpents à sonnette
Les mêmes qui tintent enroulés aux chevilles
Que les fillettes font chanter en riant

Laycha avait couvert son corps de lignes
Elle les avait tendues entre sa peau et les murs
Quand les murs disparaissaient, elle étendait de sa peau à la terre
Elle avait même contourné le contenu éparse d'un sac à main
Elle avait fait glisser la pointe de bois jusqu'à la surface de l'eau
C'est là qu'elle avait commencer à attaquer un doigt qui dépassait
Plus elle ondulait autour du doigt plus le corps remonté
Quand elle eût fini Sally flottait entièrement hors de l'eau
Une mare rouge brunâtre se disperssant autout d'elles
Soudainement il y eut des remous, comme dans un jacuzzi
Ca allait crescendo de sorte que les deux femmes liées au henné
Se sont vu portées par des vagues jusqu'en bas d'une cascade
Sally n'avait pas dit un mot et regardait Laycha dans le fond de ses yeux noirs
Comme si elle y cherchait une porte vers un autre monde
Elles savaient toutes les deux que dorénavant rien ne serait plus pareil

jeudi 20 septembre 2007

Y'a des endroits sur le globe où les gens échappent au monde
Ils ont le droit de fermer les yeux sur le bordel extérieur,
les guerres au dehors et le reste
Ils vivent presqu'en autarcie, la nature est généreuse,
les voisins aussi le plus souvent
Pourtant même si ça y ressemble, ça n'est pas le paradis
Juste un endroit où on a le droit de ne pas voir le monde tel qu'il est
Ca fait ça aussi quand on est amoureux

C'est ce que Sally se disait en enfonçant de nouveau l'allume cigare
Entre deux bouffées de fumée, elle a jeté son sac par la fenêtre

La sensitive

Lucette s'est levée plus tôt que d'habitude aujourd'hui
Pas qu'à l'ordinaire elle se léve tard, mais dans quelques heures
il y a le petit qui va arriver
Elle le voit si peu depuis qu'il a pris la parole et des centimètres
A chaque fois elle fait un effort de mémoire,
et l'image de l'enfant qu'a été son petit fils glisse sur ses yeux
L'emerveillement quand elle a appris que sa fille était enceinte
La joie au jour de la naissance et ce rire qui lui a pris lorsqu'elle
a lancé à la jeune mére " maintenant tu va comprendre "
Les premiers tout qui s'égrainnent au fil du temps
L'enfant qui grandit en caressant le visage où les rides apparaissent
Jusqu'au jour où le monde autour est tellement différent
qu'on est pas sûr de suivre et de comprendre
Mais il y a le petit, et il vient aujourd'hui
Alors rien n'a d'importance
Il ne va pas rester trés longtemps, ça Lucette le sait
C'est qu'il est tellement occupé par son travail aussi

Dans la cuisine, elle a ouvert la fenêtre, pas trop à cause des courants d'air
Des fois qu'elle attraperait froid elle serait bien embettée
Il ne lui restait plus grand chose à faire, tout était là sur le plan de travail
Elle avait acheté des amandes et des pistaches pour ajouter dans la pâte
qui avait reposée toute la nuit
Méticuleuseument, elle décortique, rince, et écrase en petits morceaux
Elle sort la plaque du four qu'elle allume, Thermostat 7
Elle passe un morceau de beurre frais sur la surface
Elle arrache à la pâte, par petites poignées
qu'elle dépose sur la plaque, des disques épais
Elle prend soin de placer un demi cerneau de noix au centre à chaque fois
Elle referme la porte du four, saisit le minuteur qu'elle régle
Jette un oeil à sa montre, sort les bâtons de canelle et le miel du placard
L'eau frémit déjà dans la casserole, le thé noir attend au fond du pot
Les verres qu'il lui a offert Noël dernier sont sur le plateau
L'odeur commence à se répendre dans l'appartement
File sous la porte et envahit le palier
Ce parfum de sucre, de croquant qui met au supplice le palais
Mêlé à la chaleur du thé à la canelle

Le fond de l'air est doux ce matin, le ciel délicieusement bleu
Lucette descend au jardin commun flâner un peu
Elle a 7 minutes
7 minutes pour se retenir de respirer, approcher le doigt le plus lentement possible des petites feuilles ouvertes
Quelques secondes pour passer la pulpe de son index sur la surface verte
De toutes petites secondes pour caresser une plante qui se trouble aussitôt
Elle soupire d'aise et d'attendrissement en observant les feuilles se refermer
comme en prière, ou comme ces plantes carnivores qui piège les insectes
Elle attend avec calme que la sensitive veuille bien se dévoiler à nouveau
Cette fois, elle soufflera doucement avant de remonter
Il ne va plus tarder maintenant

mercredi 19 septembre 2007

jeudi 13 septembre 2007

Un jour, il pleut du verre dans le sable



et des couteaux, des épines d'oursin, des coquillages, des morceaux de coraux morts

Il pleut...
j'aime ce mot, pleuvoir
il sonne comme les gouttes attiraient par la gravité

il pleut
c'est beau il pleut
juste beau
dans les films au cinéma, la pluie c'est un truc terrible

Les 4 tresses - 1ere sphère imparfaite

Il y avait un route qui bordait le sable, une ligne sinueuse d'asphalte
où on devinait de larges fléches blanches qui indiquaient
invariablement l'autre bout du chemin
Ce qu'il y avait à la fin, Laycha ne le savait pas
Elle imaginait un précipice où ses jambes se plieraient en appui
envoyant l'impulsion nécessaire au dernier saut
Elle avançait le crâne caressé par le vent glacé
Son corps se cristallisant de sel
Elle avançait en suivant les courbes du littoral
Flirtant avec le sable qui montait, montait sous ses pas
Les 4 tresses au dessus de son front lui fouettées le visage
Elle jouait avec les rafales d'electricité dans l'air
Rien ne lui paraissait un obstacle
Soudainement le sablier s'est retourné
Une enveloppe de verre à l'échelle de l'espace
Qui happait régulièrement le corps léger qui n'avait de cesse d'avancer
A force de passer et repasser d'une moitié à l'autre
Laycha s'est débattue pour nager jusqu'à un des deux fonds possibles de l'histoire
Sans savoir si elle avait choisi le bon ou le mauvais
Sans savoir s'il y avait un bon et un mauvais côté de l'histoire
Mais avait elle seulement le choix?
S'écrasant contre la paroie, elle tirait ses dernières forces
pour s'allonger sur le dos
Les grains tombés par centaine de milliers pour la recouvrir entièrement
Elle respirait encore quand le sablier s'est de nouveau retourné

mardi 11 septembre 2007

La bouche brûlante



Le lapsus est une chose qui me laisse perplexe
Par un phénomène étrange, au moment d'une discussion des plus enflammées,
entre deux morceaux de phrase parfaitement fluide il y a ce mot qui surgit
Il est là, jaillissant bien de quelque part,
il bondit hors de ma bouche alors que je pensais tout autre chose,
il résonne soudainement une fois ma phrase fermée
je me demande ce qu'il est venu faire là dans ce hors contexte précis
par quelle audace il s'est glissé dans mon propos
presque sournoisement, comme un kamikaze qui vous entraîne dans son explosion
il m'a miné, puis s'est en aller comme il est venu
en laissant derrière lui un point d'interrogation
Il a récidivé
2, 3, 4, 5 fois dans la journée!

Cunningham

Merce Cunningham m'a sauté à la figure
J'en ai encore la bouche brûlante
Alors évidemment je tiens mon explication, j'en suis quasiment certaine
Il n'y a définitivement aucune raison d'arrêter un mouvement qui est lancé
Aucune

lundi 10 septembre 2007

Non-A To The Rhythm Of The War Drums

Le son montait dont ne savait où, écrasant tout sur son passage
Un déferlement de décibels à vous briser les os!
Tout son corps s'en trouvait écartelé
Un goût âcre se loggeait dans sa bouche
Il ne sentait rien d'autre qu'une odeur fantôme de poudre
Ses muscles se crispaient jusqu'à la limite de l'explosion
Il n'y avait pas de bouton "stop"
Pas de putain de touche pour arrêter cette énorme fracas qui tambourinait
Pas de siréne d'alarme pour le couvrir, ni porte de sortie
Juste un énorme panneau voie sans issue qui dansait sous ses yeux
Il s'était mis à hurler comme n'importe quel mammifére
Un truc animal, même pas de la rage, ni du désespoir ou quelque chose comme ça
Ca venait du ventre, ça poussait dans la gorge pour voir la lumière
Les cordes vocales toutes prêtes à sauter
Comme celles des guitares qui finissent par rendre leur dernier souffle
A force d'avoir donné le meilleur qu'elles puissent
Et puis plus rien
Un silence absolu
A peine le battement d'un coeur qui se dilate dans le vide
Quand il a ouvert les yeux, un crabe sémaphore creusait son ventre
Son corps avançant selon la marche d'un palétuvier
Le temps d'un sourcillement de sa part pour qu'il se retrouve debout
Le dos à ce qu'il prit pour un mur
Mais c'était le sol, et lorsque les étoiles lui ont brûlé les yeux
Ses entrailles ont vomi des morceaux de quelque chose qui n'auraient pas dû être là
C'était le vertige lié à la gravité
Il était complétement assomé

samedi 1 septembre 2007

Si j'ai choisi de me jeter à corps perdu dans la vie, c'est pour ne pas en revenir

Le complexe de la ballerine


essai avec Daniel Lecousin



Départ Première position
Le saut de l'ange
L'arabesque

C'est classique... mais le calligramme s'y lira aussi

"tu as un ballon au dessus de ta tête, sa ficelle est reliée à ta colonne vertébrale
étire ton corps, étire, étire, étire...
souffle!"
depuis 14 ans maintenant, merci Régine
Arielle... pour m'avoir appris comment être hautaine
Heureusement qu'il y a Pina Baush pour avoir élevé le Tanztheater

Maintenant, je peux sortir mon scalpel, mes crayons et le sujet pour un cours d'anatomie
Autoportrait

La Paisible

Salomé Esclave Duncan Graham Saint Denis Baush Nijinski Béjart
Hérodiade bis 1 2 3 ...
Le lien est tendu, c'est entendu
Maya tire les ficelles même si elle ne les tient pas
Elles sont inombrablement mémorables
Toutes

Par coeur!
Ca fait boum boum boum boum boum boum boum boum
A vriller le tissu aérien qui se trame en équilibre

Par corps, les fibres se tordent
Par esprit, elles vibrent sur le bout des doigts

Mon pas dans le pas du pas du pas etc. de mes maîtres
Solo, depuis que le geste m'a traversé
Carlson
La puissance dans l'encre par la calligraphie
Pas de révérence
Merci

Nataraja ou la 1ere trace d'un mouvement enclenché

Mettons que le temps soit cyclique
En 8 temps sur un mode classique
Le décompte ne doit pas paraître entre les lévres
Le mouvement jaillit du plus profond d'un au delà du corps
Seules transparaissent les énergies qui tracent leur trajectoire propre
Lançant des cordes, du danseur à son corps, du danseur à l'espace,
Du danseur au danseur, du danseur au public
Le danseur ne peut pas danser pour lui
Il est traversé par le mouvement dont l'aboutissement est le geste
Plus loin encore le fil tendu au reste du monde
Entre lui et le reste du monde
Le fil sur lequel il se meut
Le fil qui le traverse en boucle infinie
Jusqu'à la finitude dans l'accomplissement du geste
Solo
Silence
Tango
De toutes les danses
Il en vient toujours d'autres, puis d'autres, puis d'autres
La liste est longue, s'étire et s'allonge
Dans le muscle, les tendons, les articulations
Même les cordes vocales
Surtout le coeur
La pulsation sans quoi le rythme s'éteind dans le noir
L'obscurité qui invite à la prolongation par le souffle
Solo
Gravité
Entre l'appel du sol indéfectible et le vertige des hauteurs
Demain je tape du pied
Aprés demain je frappe dans mes mains
L'applaudissement ne clôt pas, il poursuit
Une course poursuite, à contre temps si on veut un contre la montre
La danse n'est pas une performance
La performance n'est pas de la danse
Je suis d'accord pour dire qu'un danseur ne doit pas laisser paraître les heures
de prise de conscience des moindres fibres de son être
Un silence, il a cherché un silence
Mais il ne cesse de danser