mardi 27 novembre 2007

La disparition

La baie était immensemment longue
Du sable et de l'eau à perte de vue
Du sable froid comme je n'en avais jamais touché
En acceleré j'imagine le retour de la chaleur
La réapparition du soleil derrière la falaise
Les brins verts tendres de végétaux que j'ignore
Comme dans ces films documentaires où on voit le monde disparaître
Et tout à l'air moins plaisant, moins beau

Je m'allonge dans mon imagination confortable
Alors je commence la descente dans les abysses
Une descente lente, extrémement lente
Je prends mon temps, je ne veux pas disparaître trop vite
Je me couche sur le sable d'une plage que je n'ai pas encore vu
Une plage au sable froid, froid comme je n'en ai jamais touché
Mon corps s'enfonce, millimétre par millimétre, en position allongée

Je m'érode à force de rester là à attendre la neige
Les contours de mon corps craque comme la surface d'un lac gelé
J'attends que les flocons tombent sur le sable, sur mon corps de sable
J'attends les cristaux de glace pour prendre ma chair, ma chair de corail
Je veux devenir aussi froide aussi transparente que l'eau
Je patiente, la lumière des étoiles finira par danser sur/dans mon nouveau corps
Il y aura une ou deux aurores boréales pour faire apparaître ma surface

Je ne bougerai pas, je refuse de bouger jusqu'à la transparence
Exactement comme lorsque j'étais enfant, allongée dans l'herbe
A me concentrer sur mes poumons de rosée, mes membres de brins verts
Je n'étais pas assez ambitieuse, je n'avais pas encore vue la neige
La transparence de la glace et le bruit de l'eau dans les montagnes gelées
C'est tellement plus grisant, avec un goût d'Ophélie ou d'Elea
C'est le temps qui s'arrête en mieux

J'inspire profondément allongée dans mon nuage chargé d'hiver
Un boudoir de rêve où s'éclate en gréle mon rire de demoiselle patiente
Je me cristallise dans la vapeur de mon propre souffle
Mon sang ralenti sa course dans mes veines
Lui si chaud, si rouge, sous la transparence bleuie de ma peau
J'écoute la pulsation de plus en plus légère dans ma poitrine
J'écoute la limite avant qu'il ne vienne me ranimer

Brûlantes les lévres sur ma bouche violette
Torrant de chaleur que son souffle dans mon corps
C'est déjà trop tard, il est en train de me détruire
Il ne sait pas la mort qu'il me donne
Il ne peut pas voir, ça commence de l'intérieur
Je fonds et s'il brûle davantage, je m'évapore...

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