mercredi 5 décembre 2007

Ira

Toi qui te lève chaque jour, brandissant ton corps dans l'espace terrestre
Toi qui marche en te laissant porter par tes pas
Toi qui inspire, expire avec lassitude
Je te hais de ne pas connaître le mecanisme de tes muscles
Parle de plaisir, de désir, de souffrance et de ce que tu veux
Tant que la puissance du corps mouvant n'est pas su
Rien n'est su, absolument rien
Cours, mange, embrasse, essoufle toi tant que tu peux
Tu ne saura comprendre que lorsque tu aura fait le vide en toi
Lorsqu'aucune pensée ne coulera plus dans ta tête
Quand tu aura réussi à stopper la circulation sans fin qui s'y produit sans cesse
Là seulement tu pourra oser penser lever un doigt
En ne pensant que et uniquement que ton corps
Le vide entre tes cellules, la place de ce vide qui te meut

Rien ne te touche encore
Tant que tu ne saura pas fermer les yeux, donnant ton bras à un autre bras
Pour sentir les vibrations des corps évoluant sur ce globe immense
Tu ne saura pas tant que tu n'aura pas écouté ton corps se défendre des obstacles,
glisser dans des pas où un autre te porte
Tu ne saura rien tant que tu n'aura pas marcher à quatre pattes, tenté d'avancer sans les bras, changer tes appuis pour bouger
2, 3, 4, 5, 6 et 7 appuis
Sur le coude, sur le pied, sur le genou, sur la tête
Tant que tu n'aura pas senti la gravité te maintenir au sol
Tu ne saura rien d'un corps
Ni du tien, ni de celui d'un autre
Tu ne saura rien tant que tu ne te saura pas allongé sur la terre, les yeux dans les étoiles, traversé par le monde et par ta finitude

Comment peux tu penser faire l'amour?
Comment peux tu espérer savourer la respiration d'un autre corps alors que tu ne maitrise pas la tienne?

Nous sommes molécules nageant dans le vide
Nous sommes conscience dans/par les molécules
Sens le mouvement de la vie qui court en toi
Et l'emmerveillement sera totale
De la souffrance au plaisir
De la haine à l'amour
Tout sera puissance, suprême puissance
Et même un battement des cils t'apparaitra transfiguré

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