mardi 12 février 2008

Ivre du chant des baleines et de la musique des astres

Mes nuits sont souvent agitées, agitées comme l'océan qui bouillonne au pied d'un volcan
La dernière m'a ramené loin, sur un bord de mer aux arêtes noires
Une petite étendue de sable blanc qui se fait avaler par les vagues lorsque la marée monte
Une petite plage cachée entre deux avancées de vieilles laves maintenant acérées comme des lames

Il était tard, le soir était tombé, rien ne bougeait autour
Ni voiture sur la route, ni bateau au large
On aurait dit que ce morceau du bout du monde où j'ai souvent marché
Où j'ai pleuré, où j'ai ri, où j'ai écrit, où j'ai crié
Où j'ai pris l'eau pour plonger, glisser sur les vagues
Ce bout du monde tenait en équilibre dans l'espace même

L'univers faisait des vagues et certaines venaient finir sur mes jambes
Il y avait avec moi un ami que je n'ai pas vu depuis trop longtemps maintenant
Un de ceux à qui le bonheur d'être dans l'eau à côtoyer la houle et le soleil suffit

Tout à coup, le morceau d'univers sur lequel je tenais s'est creusé devant moi
La lave faisait des plis dans le sens de l'eau qui tourbillonne et qui reprend le va et viens des vagues
J'ai senti quelque chose approcher dans le noir
Un requin est passé très vite, immense
Plutôt un amas d'étoiles extrêmement proches et condensées qui avait la forme d'un requin
Si une ombre avait pu être lumineuse, elle aurait eu cette fugacité là
Cette fragilité toute en transparence

Un dauphin a sauté soudainement, il avançait vers moi
Et j'ai senti que je nageais aussi
Il n'y avait ni eau, ni air, ni terre
Rien que de l'espace où naissait et mourrait de la lumière dans l'obscurité
Elle jaillissait de nul part, elle apparaissait pourtant comme une évidence
Créant des formes qui se dissolvaient dans cette illusion de noir
A l'image du sel dans l'eau, la gravité en moins
La gravité étant au centre même de ces formes évanescentes

Il était dauphin, espadon voilier, baleine à bosse
La masse se transformait au rythme de l'eau amorphe
Il changeait de couleur, tantôt une lumière blanche dorée éclatante
Tantôt rose, vert, bleu, violet

En me réveillant, j'ai eu envie de croire que tout était éternel
La sensation que le petit point que représente ma vie
Parmi d'autres points de lumière, minuscules à gigantesques
Bat en coeur avec ce grand tout immense
Inscrit quelque part dans la lumière des étoiles
D'où on nait, où on meurt

D'ailleurs il me semble que chaque nuit on quitte la vie
Chaque matin on revient à elle comme neuf
Alors que la vie elle même n'a pas forcément changé
C'est peut être pour ça que c'est parfois si dur de se réveiller

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