mercredi 6 février 2008

Je me moques


Ma petite personne - par Corps-et-graphe

Je suis née nue comme tout un chacun. Aujourd'hui, débauche de corps dans les rues, sur les écrans. Le monde en redemande, encore. Quelque chose de grisant de regarder en coin les affiches où des humains trop beaux pour être vrais nous narguent à peine de haut. Entre les lignes de cocaïne et les retouches graphiques. Quart d'heure publicité s'il vous plaît. Si tu le voulais ça serait presque possible pour toi, la célébrité. Il y en a pour y croire, pour vouloir s'offrir aux yeux du monde dans toute leur humanité, brillante imperfection que voilà. C'est la belle arnaque d'un futur qui ne s'écrit pas. Il y en a pour nourrir la fin de ceux qui se pament en grand format. Il en faut bien, ainsi la marche du monde...

D'un sari dévêtue, je prends la tangente, j'essaye.
Le voile noir qui recouvre ce que le regard ne doit pas transperçer en mémoire.
Le souvenir de cette jeune danseuse toute en finesse que j'étais, en pointillés.
Je dérape sur un coin de peau, la mienne.

Sortie de douche brûlante. Un peu de créme pour mettre du baume au coeur. Un fond de teint pour recouvrir les traces du temps qui passe. Une touche de blush pour donner de la vitalité à cette façade éteinte par la cigarette, donner l'éclat d'un sourire qui ne s'affiche pas toujours. Une ombre noire sur les paupières. Un mascara pour parfaire les cils. Une trace de gloss sur les lévres généreuses. Les cheveux sculptés en tresse ou lâchés en crinière folle à l'air libre. C'est drôle de jouer à la poupée. Moi et la glace, une histoire de connerie humaine.
Un pied glissé dans le bas noir, remonté jusqu'en haut de la jambe qui n'a pas grand chose de l'interminable membre d'un mannequin, si ce n'est les os, la chair, la vie qui bat dans les veines.
Les doigts saisissent l'agrafe, une accroche à détacher dans la pénombre peut être.
Un tour de tissu fragile pour parer les seins enfantins.
Une petite robe passée par dessus, jamais tailler pour les courbes particulières, cet objet classique prévu pour la longiligne sans "forme".
Je jauge à distance, remonte sur mes talons hauts.

Vas au diable!

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