mardi 19 février 2008

L' Eve (prononcée à l'anglaise) danse

Les romantiques, en revenant à des expériences plus ou moins durables de la primitivité, retrouvent, sans s'en douter, les thèmes du fu sexuellement valorisés. G.H. von Schubert écrit par exemple cette phrase qui ne s'éclaire vraiment que par une psychanalyse du feu; "De même que l'amitié nous prépare à l'amour de même, par le frottement des corps semblables, naît la nostalgie (la chaleur), et l'amour (la flamme) jaillit." Comment mieux dire que la nostalgie c'est le souvenir de la chaleur du nid, le souvenir de l'amour choyé pour le "calidum innatum"? La poésie du nid, du bercail, n'a pas d'autre origine. Aucune impression objetive cherchée dans les nids le long des buissons n'aurait jamais pu fournir ce luxe d'adjectifs qui valorisent la tiédeur, la douceur, la chaleur du nid. Sans le souvenir de l'homme réchauffé par l'homme, comme un redoublment de la chaleur naturelle, on ne peut concevoir que des amants parlent de leur nid bien clos. La douce chaleur est ainsi à l'origine de la conscience du bonheur. Plus exactement, elle est la conscience des origines du bonheur.

Toute la poèsie de Novalis pourrait recevoir une interprétation nouvelle si l'on voulait lui appliquer la psychanalyse du feu. Cette poésie est un effort pour revivre la primitivité. Pour Novalis, le onte est toujours plus ou moins une cosmogonie. Il est contemporain d'une âme et d'un monde qui s'engendrent. Le conte, dit-il, est "l'ère... de la liberté, l'état primitif de la nature, l'âge devant que fût le Cosmos." Voici alors, dans toute sa clairvoyance, le dieu froteement qui va produire et le feu et l'amour. [...]
Cette lumière est intimie. L'être caressé rayonne de bonheur. La caresse n'est rien d'autre que le frottement symbolisé, idéalisé.

In La Psychanalyse du Feu de Bachelard, chap. III Psychanalyse et préhistoire le complexe de Novalis, VII

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